Sé sé
C’est clair, tu aurais dû être morte
C’est sûr, tu es une morte-vivante
C’est fou, personne ne sait comment ni par quel miracle tu es encore debout
Menant vaille que vaille les combats de ta vie
Luttant pas après pas pour t’accrocher au fétu de lumière
Qu’il t’arrive encore de percevoir
Entre deux vagues qui te submergent
Quand tu prends le temps de te regarder vraiment
C’est terrible l’énergie dispersée à donner le change
Mais même ainsi tu n’es pas quitte
Ton courage est dit agressif
Ton vouloir excessif
Ta parole incisive
Ta force masculine
Toi la gouine qui s’ignore la mal-baisée
Toi l’hystérique la virago
Moi, je te sais survivante
Et souvent morte-vivante
Je sais tes cris de louve blessée
Je sais les larmes de sang
L’enfance maculée
L’innocence giflée
Je sais ton cœur en holocauste
Fragilité de l’amour retourné contre toi
Par ceux-là ou celles-là à qui tu l’offrais en partage
Je te sais rampant, suppliant la mort d’interrompre l’hallali
Moi aussi
Des mains sales m’ont salie
Des yeux sales m’ont déshabillée
J’ai vu moi aussi mon amour piétiné
Mon innocence offensée
J’ai moi aussi rampé et supplié
Prié et cru vouloir mourir
Au nom de l’amour
Mais je n’ai, vois-tu, jamais perdu de vue
La flamme qui s’obstinait à balbutier en moi
Et vois-tu il y a toujours eu une autre femme
Pour me tendre la main
Et son rire de rivière joyeuse
Un homme au cœur pur
Et aux mains de soleil
Pour me dire : « Nous ne sommes pas tous ainsi ! »
Ma sœur en attendant de trouver en toi-même
La force de croire en toi
Regarde-moi
Mes yeux sont ton miroir
Vois comme tu es belle
Goûte comme tu es grande
Sens la force de vaincre qui palpite sous la peur
Regarde-moi encore
Danse avec moi
En chantant aux quatre vents
Sois fragilité du cristal
Et dureté d’un diamant brut
Évanescence d’un nuage
Immuabilité de l’Essence
Sois douceur d’une pluie-fifine
Et vigueur d’un soleil plein-carême
Sois celle que tu es déjà
Sois ce que tu es tellement !
Nicole Cage
